Coup de soleil

DEUX LETTRES I Au moment où Parabère montait à cheval pour le service en campagne, le vaguemestre s'approcha de lui en lui disant : - Mon capitaine, voici les journaux, plus deux lettres pour vous. De ces deux lettres, l'une était de Suzanne; depuis que Parabère était au camp, elle n'avait jamais manqué un seul jour de lui envoyer de Paris quelques mots de tendresse. Il reconnut immédiatement son papier gris-perle, ses pattes de mouche à peu près illisibles; mais de qui pouvait bien être l'autre lettre? Sous l'enveloppe, un gigantesque D. R. avec couronne fermée, une écriture anglaise régulière, élégante, et un parfum capiteux en diable. De plus la lettre avait été envoyée chez lui, avenue des Champs-Élysées, et non au camp, ce qui dénotait quelqu'un peu au courant de ses habitudes intimes. Il eût voulu pouvoir au moins lire la signature, mais précisément le régiment était formé sur le front de bandière et l'on sonnait pour rendre l'appel. Parabère serra les lettres dans sa poche et piqua des deux vers son escadron; il apprit avec une satisfaction adoucie par l'habitude qu'il ne manquait personne, et partit à son tour annoncer cette excellente nouvelle au commandant de semaine. Malheureusement, le commandant était à cheval à côté du colonel qui - signe menaçant - tenait dépliée une carte.