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Les robinsons de la Guyane
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Les robinsons de la Guyane in Bloomington, MN
Current price: $42.90

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Les arbres géants de la forêt équatoriale se tordaient sous la rafale. Le tonnerre grondait furieusement. Les éclats de la foudre, simultanément sonores ou étouffés, brefs ou prolongés, secs ou crépitants, bizarres parfois, terribles toujours, semblaient se confondre en une seule et interminable détonation. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, s'étalait, à perte de vue, au ras les cimes une immense nuée noirâtre, bordée d'une sinistre bande cuivrée. Des éclairs aveuglants, affectant toutes les formes et toutes les couleurs, mêlés dans une colossale fulguration, s'en échappaient comme d'un cratère renversé. De ces vapeurs trop lourdes qu'un implacable soleil avait fait surgir d'insondables marais et de solitudes inexplorées, roulaient de véritables trombes. Ce que nous nommons en Europe des gouttes de pluie, semblait de larges coulées de métal en fusion, à travers lesquelles se reflétaient étrangement les éclairs. Les feuilles tombaient, hachées comme par un ouragan de grêle, mieux encore, comme par des millions de jets de pompes à vapeur. De temps en temps, un acajou énorme, l'orgueil de la forêt vierge, s'abattait lourdement; une ébène verte, au tronc élevé de plus de quarante mètres, aussi dur que le fer, voltigeait comme une paille; un cèdre séculaire, que quatre hommes n'eussent pu entourer de leurs bras, éclatait, ainsi qu'une planchette de sapin, un simaruba, un boco, ou un angélique, dont les cimes trouaient la nue, roulaient, fracassés les premiers. Ces géants, reliés ensemble par d'inextricables lianes, et dont les maîtresses branches disparaissaient sous des orchidées, des broméliacées ou des aroïdées en pleine floraison, oscillaient, puis s'écroulaient sous la même poussée. Des milliers de pétales rouges coulaient à travers les herbes: on eut dit des gouttes de sang arrachées aux flancs des colosses foudroyés. Les animaux affolés, se taisaient. Seule, mugissait la grande voix de l'ouragan, qui atteignait alors une invraisemblable intensité. Cette formidable symphonie de la nature, qu'on eut dit orchestrée par le génie des tempêtes, et exécutée par un choeur de Titans, remplissait l'immense vallée du Maroni, le grand fleuve de la Guyane française. La nuit s'était faite tout à coup, avec cette rapidité particulière aux zones équatoriales que le soleil éclaire sans aurore, et d'où il disparaît sans crépuscule.
Les arbres géants de la forêt équatoriale se tordaient sous la rafale. Le tonnerre grondait furieusement. Les éclats de la foudre, simultanément sonores ou étouffés, brefs ou prolongés, secs ou crépitants, bizarres parfois, terribles toujours, semblaient se confondre en une seule et interminable détonation. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, s'étalait, à perte de vue, au ras les cimes une immense nuée noirâtre, bordée d'une sinistre bande cuivrée. Des éclairs aveuglants, affectant toutes les formes et toutes les couleurs, mêlés dans une colossale fulguration, s'en échappaient comme d'un cratère renversé. De ces vapeurs trop lourdes qu'un implacable soleil avait fait surgir d'insondables marais et de solitudes inexplorées, roulaient de véritables trombes. Ce que nous nommons en Europe des gouttes de pluie, semblait de larges coulées de métal en fusion, à travers lesquelles se reflétaient étrangement les éclairs. Les feuilles tombaient, hachées comme par un ouragan de grêle, mieux encore, comme par des millions de jets de pompes à vapeur. De temps en temps, un acajou énorme, l'orgueil de la forêt vierge, s'abattait lourdement; une ébène verte, au tronc élevé de plus de quarante mètres, aussi dur que le fer, voltigeait comme une paille; un cèdre séculaire, que quatre hommes n'eussent pu entourer de leurs bras, éclatait, ainsi qu'une planchette de sapin, un simaruba, un boco, ou un angélique, dont les cimes trouaient la nue, roulaient, fracassés les premiers. Ces géants, reliés ensemble par d'inextricables lianes, et dont les maîtresses branches disparaissaient sous des orchidées, des broméliacées ou des aroïdées en pleine floraison, oscillaient, puis s'écroulaient sous la même poussée. Des milliers de pétales rouges coulaient à travers les herbes: on eut dit des gouttes de sang arrachées aux flancs des colosses foudroyés. Les animaux affolés, se taisaient. Seule, mugissait la grande voix de l'ouragan, qui atteignait alors une invraisemblable intensité. Cette formidable symphonie de la nature, qu'on eut dit orchestrée par le génie des tempêtes, et exécutée par un choeur de Titans, remplissait l'immense vallée du Maroni, le grand fleuve de la Guyane française. La nuit s'était faite tout à coup, avec cette rapidité particulière aux zones équatoriales que le soleil éclaire sans aurore, et d'où il disparaît sans crépuscule.

















